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    Hermano
    Maître des clés

    Mercredi 30 octobre 2019                                                                                            Don d’une écriture

     

    0 Discours sur les raisons d’écrire en atelier : le partage, le partage respectueux de nos écrits, écrits qui d’une manière ou d’une autre nous montrent, montrent ce que nous sommes, d’une manière lumineuse ou plus cachée, mais nos écrits, c’est nous. Et c’est quelque chose que nous apportons pour partager avec les autres.
    C’est ce qui a inspiré cet atelier.
    5
    1 Pensez d’abord à une situation que vous avez vécue, récente ou plus ancienne, même quelque chose qui vous paraît anodin, insignifiant, mais qui vous a marqué et dont vous vous souvenez toujours avec émotion.
    Choisissez plutôt une émotion heureuse, pas quelque chose de catastrophique ou de funeste. Cela peut être lié à un événement de votre enfance par exemple ou à toute autre chose plutôt heureuse ou surprenante que vous avez vécue.
    Cette situation d’émotion que vous allez convoquer ne sera pas racontée telle quelle aux autres participants (elle pourra donc rester secrète) mais utilisée comme matériau, un peu à la manière des auteurs qui puisent dans leurs propres expériences pour faire prendre corps à un récit.
     Prenez le temps de choisir, vous avez quelques minutes pour ça.
    5-10
    2 Écrivez maintenant plusieurs mots, seulement des mots, pas des phrases, – pas comme Proust qui tempe sa madeleine… ! –  qui vous viennent quand vous convoquez cette émotion. Laissez venir ces mots pendant 5 minutes. 5-15
    3 Choisissez maintenant 5 de ces mots, partagez une feuille A3 en 5 secteurs, recopiez un mot dans chaque secteur et soulignez-le. Utilisez toute la feuille. Écrivez lisiblement. 3-18
    4 Faites maintenant tourner la feuille vers la droite.

    Sur la feuille reçue de votre voisin de gauche figurent donc 5 mots.

    Pour chacun de ces mots ajouter, dans le même secteur de la feuille, un seul mot, le mot que vous voulez. Si vous n’avez pas assez d’inspiration pour donner un mot pour chaque mot proposé, ce n’est pas grave, n’écrivez rien à côté du mot proposé.

    Vous avez une minute par feuille.

    Faites tourner la feuille au signal de l’animateur (1 minute).

    12-30
    5 Avant d’écrire, essayez d’intégrer le ressenti des autres, exprimé par les mots qu’ils ont notés. Imaginez des liens, des correspondances, des associations entre ces mots. Vous pouvez même tracer des liens entre eux. 3-33
    6 Bâtissez maintenant votre propre texte pour évoquer cette émotion, sans que le texte soit narratif ni descriptif, en y mêlant la résonance des autres, en ajoutant à volonté de l’imaginaire, des variantes, des possibles par rapport à cette émotion que vous avez vécue, en utilisant les mots que vous avez reçus et aussi l’ensemble des mots qui vous sont venus.
    Il ne s’agit pas de faire un compte-rendu de quelque chose qui s’est passé, mais plutôt un texte qui soit une évocation qui permette de partager cette émotion, un patchwork entre vos propres émotions, celles des autres, une dose d’imaginaire.
    32-65
    7 Évocation du don en lien avec les ateliers d’écriture (cf. page suivante). 5-70
    8 Faites don de votre texte à quelqu’un d’autre, recevez ce don de quelqu’un d’autre.
    Considérez que c’est quelque chose de personnel qui vous est remis, un don. Un don auquel vous allez répondre par un autre don de quelque chose de personnel : une écriture à laquelle vous allez répondre par une autre écriture.
    Lisez d’abord le texte qui vous a été remis.
    10-80
    9 Répondez, dans le même style, avec la même sensibilité à ce don, en écrivant un texte en réponse. Vous devez manifester dans ce texte votre savoir recevoir et votre savoir rendre en retour. Répondez, comme le dit Mauss “dans l’esprit de la chose donnée“. 30-110
      Lecture de tous les textes. 25-135
      Débriefing.  

     

    Pour lire des textes écrits pendant cet atelier :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/hermano/parfum-deternite/

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/daisy/lo-et-lu/

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/line/beaute-a-lantique/

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/hermano/la-fete/

     

     

    Etape 7 :

    Voilà, je voudrais maintenant vous parler de quelque chose qui intervient souvent lors des ateliers d’écriture… C’est… le DON. 

     

    Un monsieur qui était sociologue et qui s’appelait Marcel, Marcel Mauss, a travaillé sur cette notion du don. 

     

    Voici ce qu’il raconte : il explique que “dans les sociétés archaïques un don entraîne un contre-don et que ce sont des échanges qui relient les groupes entre eux. Ces dons portent principalement sur des biens symboliques — et pas matériels. Cette logique continue de sous-tendre les rapports sociaux dans nos sociétés modernes dans de nombreux domaines, même si le discours dominant privilégie les échanges basés sur le pur calcul économique”.

     

    Il me semble que c’est quelque chose de cette nature qui se passe quand on écrit, on écrit pour donner, peut-être d’abord à soi-même mais aussi, particulièrement en atelier d’écriture, pour partager, pour faire voir, pour donner aux autres. C’est un don qui est en quelque sorte « gratuit », mais c’est vrai qu’on attend une certaine réciprocité… quelque chose qu’on pourrait appeler un « contre-don » : on partage, on donne quelque chose de soi, de vraiment personnel puisqu’il s’agit de notre écriture et on attend, en échange, la même « denrée » personnelle, authentique.

     

    D’ailleurs Marcel Mauss écrit : “Ce qui, dans le cadeau reçu, échangé, oblige, c’est que la chose reçue n’est pas inerte. Même abandonnée par le donateur, elle est encore quelque chose de lui”. Les biens donnés ne cessent jamais d’appartenir à leurs détenteurs initiaux. » En l’occurrence, vous donnez votre texte, mais il vous appartient toujours !

     

    Et il conclut, à propos d’un « présent » que l’on fait, en disant que : « Présenter quelque chose à quelqu’un, c’est présenter quelque chose de soi » ; et il dit aussi « On comprend donc clairement et logiquement, dans ce système d’idées, qu’il faille rendre à autrui ce qui est en réalité parcelle de sa nature et substance …

    Et il ajoute : « qu’il convient de rendre dans l’esprit de la chose donnée ».

     

    Mauss insiste bien sur le fait qu’il convient de rendre dans l’esprit de la chose donnée.

    C’est ce que nous allons tenter de faire maintenant : Donner et rendre, répondre, dans l’esprit de la chose donnée.

     

     

     

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