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    Hermano
    Maître des clés

    Mercredi 26 septembre 2018                                                                                            En ville

     

    1 Pensez à une ville.
    Écrivez les mots ou bouts de phrases qui vous viennent spontanément à propos :
    ·       Des odeurs de cette ville (2mn)
    ·       Des personnes qu’on y rencontre (2mn)

    ·       Des bâtiments (2mn)

    ·       Du temps qu’il fait (2mn)

    ·       Des bruits qu’on entend (2mn)

    10
    2 Écrivez maintenant un texte en utilisant si possible tous ces mots. 20 – 30
    3 Lecture
    Écoutez bien chaque texte pendant la lecture.
    à la fin de chaque lecture, écrivez sur un post-it le nom que vous imaginez pour cette ville (un nom imaginaire donc, d’au moins 3 syllabes). Remettez le post-it à l’auteur.
    15 – 45
    4 Choisissez un nom parmi les noms reçus et donnez-le à votre voisin de droite. 5 – 50
    5 Vous avez reçu un nom de ville.
    Avec les lettres de ce nom, faites autant de mots que possible.
    5 – 55
    6 Parmi les mots que vous venez d’écrire, choisissez-en 2.
    Pour chacun de ces mots, écrivez en 3 lignes maximum ce que ce mot vous évoque et remettez cela à l’auteur du texte (celui qui vous a fourni le nom de sa ville).
    10 – 65
    7 Vous allez bientôt pénétrer dans un lieu particulier de cette ville, un lieu étonnant, inattendu, extraordinaire, peut-être même mystérieux…
    Mais d’abord, écoutez ces 2 textes sur la ville.
    (Henri Michaux et Jean-Marie Gustave Le Clézio).

    Notez les mots que vous voulez.
    10 – 75
    8 Vous pénétrez maintenant
    Racontez en utilisant les mots que vous venez de noter et les 2 courts textes de 3 lignes donnés par votre voisin.
    20 – 95
    9 Lecture 20 – 115
    10 Débriefing : qu’est-ce qui, dans cet atelier a été facilitateur ou au contraire trop contraignant pour votre écriture.
    Pensez-vous que vous pourriez continuer ce texte ? Comment ?
     

     

    Pour lire des textes écrits pendant cet atelier :

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/line/hopelessburg/                             (Maryline)

    https://www.oasisdepoesie.org/ecrire-ensemble/ateliers-collectifs/janam/une-ville-dans-ma-tete/      (Christian)

     

    Textes lus à l’étape N° 7 :  in http://www.sculfort.fr/articles/litterature/poemes/poemesville.html

    Il n’y a dans la ville

    Il n’y a dans la ville aucun souffle. Les véhicules sont garés, définitivement garés.
    Rien ne crie, rien ne désire. D’une statue fendue, trois morceaux s’élancent, se détournant en colère les uns des autres, comme soulevés par d’impardonnables reproches. La funèbre ville n’a pas de sortie, des rues mortes se croisent et se referment sur elles-mêmes. Un liquide fangeux et noirâtre occupe des canaux à l’odeur nauséeuse et un humide hostile aux poumons et à l’os, et à la conservation de la vie humaine, vient en traître envahir la cité de larges zones inamicales à l’homme.
    On entend au loin une avancée de la mer mécontente et parfois un bateau anxieux qui demande à entrer dans le port. Le chenal encombré des débris des désastres précédents, les uns à fleur d’eau, les autres enterrés dans la vase, est menaçant et noir.

    Et c’est encore, et c’est toujours l’enfer du séjour inchangeable.

    Des chiens sans laisse, mais non sans crocs, pleurent en hurlant un maître féroce, auprès d’une tombe fraîche. Il y a un grand appel d’on ne sait quoi de grave.

    Henri MICHAUX, Lieux inexprimables in La vie dans les plis (Gallimard)

    Hyperpolis

    La jeune fille qui s’appelait Tranquillité avait arrêté sa voiture dans le parking. […] Elle regardait la grande porte d’Hyperpolis ouverte sur l’esplanade, une sorte de trou noir dans le genre d’une bouche de chien édenté. Les gens entraient et sortaient sans arrêt par cette porte, et la jeune fille avançait en les regardant. La porte devenait de plus en plus grande dans le mur blanc de l’édifice, et, à mesure qu’on s’en approchait, on voyait que ce n’était pas un trou réellement noir, mais qu’il y avait beaucoup de lumières de l’autre coté de sa vitre, beaucoup de reflets et de couleurs transparentes. Sur le sol, sous ses pieds, il y avait des signes peints en jaune, des flèches qui montraient la porte, des chiffres et des lettres. […]
    Quand elle arriva devant l’édifice, elle entra brusquement dans la zone d’ombre. Alors le trou noir de la porte, maintenant gigantesque, devint gris-rouge, puis blanc.
    À l’intérieur d’Hyperpolis, il y avait beaucoup de bruit et de lumière. Des tourbillons d’hommes avançaient le long des galeries, grands mouvements circulaires de jambes qui venaient de l’inconnu, et repartaient on ne savait où. C’était difficile de ne pas être pris par ces tourbillons. Il fallait prendre garde. Il fallait regarder tout le temps où on marchait, pour ne pas être emporté soudain vers la gauche, ou vers la droite. […]
    La jeune fille marchait vite sur le parquet de matière plastique, elle regardait toutes les lumières, elle respirait toutes les odeurs. Elle croisait d’autres jeunes filles pareilles à elle, et des hommes aussi, des femmes et des enfants. […]
    Au-dessus d’elle, au-dessus de tout le monde, il y avait un plafond immense, qui couvrait Hyperpolis. Il tenait en équilibre sur des colonnes de béton blanc, lointain, lourd, gonflé, pareil à une voûte d’épais nuages. Sur le plafond comme des éclairs couraient des tubes de néon, et c’était d’eux que venait la lumière. La jeune fille regardait le plafond de temps en temps tandis qu’elle marchait sur le sol. C’était dans le genre d’un miroir terne, qui engloutissait les mouvements et les gestes au lieu de les refléter. Il ne renvoyait jamais d’images. Il ne renvoyait jamais de visages ni de corps. Il ne renvoyait que la lumière, intense, vibrante, la lumière blanche, grise et rose. […]
    L’allée centrale était un tapis lumineux qui allait d’un bout à l’autre de l’édifice, et les gens marchaient dessus comme des ombres. Ils n’existaient pas, peut-être. Il y avait tellement de lumière, tellement d’énergie, partout, tellement de couleurs, de formes, de bruits, d’odeurs, que les gens n’existaient pas. Ils étaient devenus de drôles de fantômes, avec leurs visages pales, leurs yeux pâles, leurs vêtements gris et leurs cheveux ternes. La jeune fille passait au milieu d’eux sans les voir, elle les traversait, vague après vague, et c’étaient toujours les mêmes. Quelquefois elle apercevait des yeux, rapides, enfoncés dans les orbites, qui la regardaient avec inquiétude. De drôles d’yeux clairs, qui roulaient dans les paupières, qui cherchaient à la reconnaître. Ou des bouches, plus bas, qui remuaient les lèvres comme pour dire quelque chose…

    J.M.G. LE CLEZIO, Les Géants (Gallimard, 1973)

     

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