Texte de Gérard, atelier du 30 mai 2018 à Villenave d’Ornon, animé par Christian

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                               Si j’avais été Georges Brassens, mille sabords, je ne me serais pas fait enterrer sur la plage de Sète. Trop linéaire, trop uniforme à mon goût. De plus envahie de vacanciers à la belle saison. Où trouver la quiétude légitime à laquelle on aspire après une vie bien remplie ? Auprès de mes arbres j’ai vécu heureux et n’aspire nullement à être reconnu bienheureux dans l’éternité. J’aurais demandé au tabellion de modifier le codicille.

Si j’avais été Georges Brassens, mille sabords, j’aurais comme lui acheté une maison bretonne. Le pays de Léon a, dit-on, pour la météo mauvaise réputation, mais je n’aurais pas eu besoin de parapluie, pardi. Mon p’tit coin de paradis aurait été une tombe en granit rose de Perros-Guirec. Je l’aurais voulue au bord de la mer au pied du phare d’où l’on peut voir les tempêtes. Là, au ras des flots seraient-ils en furie, j’aurais eu la satisfaction d’avoir fui à jamais les véhicules à moteur en tous genres, en tous styles. Je les hais !

Si j’avais été Georges Brassens, mille sabords, sachant que de l’autre côté il n’y a pas d’huîtres à déguster, ni de moules, ni de saumon, j’aurais fait le plein avant de me laisser embarquer par la camarde pour l’éternelle traversée. Ouvrir les huîtres n’est pas ma passion pourtant j’en mangerais sur le sein de Fernande comme le chaton prenait la gougoutte au téton de Margot quand elle dégrafait son corsage.

Si j’avais été Georges Brassens, mille sabords, mon cauchemar aurait été d’être oublié par ma muse, mon amie, qu’elle ne m’attende plus comme Fernande et sa bande. Déboussolé j’aurais perdu le Nord et plus encore. Les Copains d’abord auraient navigué sur La Marie-Josèphe qui est un bon bateau. C’est un fameux trois mâts. Hisse et ho ! Santiano. Et vire à babord !

Si j’avais été Georges Brassens, j’aurais laissé Paul Valéry régner sur son cimetière marin. De peur d’empêcher les focs de picorer les flots, je n’aurais pas fait du pédalo sur la vague en rêvant ma mort en vacances. Tiré par mon kitesurf, j’aurais survolé les ondes océanes jusqu’à Bali, où le bonze assagi compte les grains de riz qu’il lui reste. Mille sabords.

Gérard

Retrouvez le scénario de l’atelier dans “Idées d’ateliers” : https://www.oasisdepoesie.org/forums/topic/personnages-si-jetais